Ce texte décrit un matin tranquille à Zipolite. Profitez de la version vidéo ou la version écrite! Étendue sur mon lit, je n’ai pas encore ouvert l’œil, je sens la fraîcheur laissée par la nuit, un doux plaisir après la chaleur accablante de la veille. Cette température ne s’éternisera pas. Lorsque les rayons du soleil auront frappé, les gouttes de sueur perleront à foison. C’est pourquoi à Zipolite, je passe le plus clair de mon temps sous l’eau : dans la douche ou dans la mer. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour adapter mon corps, habitué aux températures glaciales du Yukon. J’entends l’un des soixante-dix coqs du voisin chanter. Un nombre qui semble extravagant, pourtant le Mexique connait une longue tradition de combat de coqs. Cette pratique devenue illégale reste populaire et ici personne ne se surprend de cette activité. Ça m'attriste tout de même de voir ces pauvres oiseaux victimes de jeux cruels. Ce matin, ce ne sont pas les coqs qui me poussent à me lever. Nico, un peu trop énergique aussi tôt dans la journée, me tire du lit. Il est 7 heures et nous allons chercher du poisson dans le village de Puerto Angel. Mes sentiments à cet instant se troublent. L’idée d’acheter directement des pêcheurs qui reviennent de la mer avec leur cargaison encore frétillante m'enthousiasme. Mais quitter mon lit aussi tôt le matin me fait grimacer. Sans prendre le temps de boire un café, nous nous habillons en vitesse et partons attendre une van ou un collectivo en face de la maison. Ce sont les deux moyens de transport préconisés ici. L’un est un camion, avec des bancs aménagés dans sa boite arrière et un toit de toile pour protéger contre les intempéries. Le coût en est de 15 pesos pour aller au prochain village; l’équivalent d’un dollar canadien. L’autre est un taxi qui embarque toutes personnes qui veulent y entrer pour 30 pesos ; c’est ce dernier qui passe le premier et sans attendre nous nous y entassons. La route toute en courbe demeure calme dans la lumière du matin. Mon conducteur, détendu, ne dépasse aucune motocyclette ou vieille coccinelle et n'évite aucun camion qui surgit de nulle part, comme c’est très souvent le cas. Seuls un chien endormi et quelques trous au milieu du chemin font dévier mon chauffeur de sa trajectoire. Au Mexique, les routes paraissent si sures que personnes ne s'attachent en voiture, un chapelet accroché au rétroviseur suffit pour nous protéger. Tout juste débarquée à la marina de Puerto Angel, l’odeur de poisson envahit mes narines. Quelques femmes papotent assises sur les remblais du quai. Plus loin un homme amarre nonchalamment sa barque. Mais, je ne vois ni dorés ni esturgeons ni pescadillos. Sous l’effet de l’excitation, nous avons peut-être devancé les pêcheurs. Je pousse un soupir en pensant à mon lit abandonner trop tôt, lorsqu’un bruit attire mon attention. Un large bateau, avec à son bord une dizaine de personnes, s’approche tranquillement de la berge. Nous observons leurs manœuvres. Le moteur ralentit et atteint doucement la plage au bas du quai. Les occupants se mettent les pieds à l’eau et tirent en cœur sur l’embarcation pour la glisser sur le sable. Ils s’activent de plus en plus et roulent des billots sous la barque, mais la grande chaloupe ne bouge que de quelques centimètres à la fois. Des hommes surgissent pour venir les épauler dans cette tâche ardue. Un des pêcheurs se tourne vers nous et demande du renfort à Nico. Ce dernier, hausse les épaules et sans attendre, rejoint les autres. Lorsque l'embarcation se retrouve enfin au sec, protégés des marées, nous achetons 8 beaux poissons frais pour un BBQ avec les amis. Le propriétaire du bateau reconnaissant du coup de main de Nico nous offre un bon prix à 10 pesos l'unité. Tout heureux, nous rentrons parés à festoyer et à nous en mettre plein la panse !
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Ce texte décrit les différents personnages rencontrés sur la plage de Zipolite. L’endroit où je suis s’appelle Zipolite et j’en suis tombée amoureuse dès que j’ai lu ce petit paragraphe du Lonely Planet Mexico, il y a deux ans, décrivant ce village en repère de vieux hippies à la barbe bleue et de nudistes sans gêne. C’est tout à fait le genre de description qui m’inspire et attise ma curiosité! Nico et moi y avons établi notre point de rencontres à travers les années et je ne m’en lasse pas. Zipolite est un petit village du sud-ouest du Mexique, situé sur la côte du Pacifique, dans l’État de Oaxaca. Tout l’État de Oaxaca est magnifique et fascinant, mais voyager à l’intérieur de cette région n’est pas évident. Les montagnes rendent les routes difficiles. C’est un exploit en soi de résister aux inévitables haut-le-cœur associés aux trajets en montagne russe. Mais le voyage en vaut la peine lorsqu’on admire ces paysages à la végétation luxuriante et presque intouchée. Chaque plante sauvage qui pousse est une plante exotique qu’on retrouve chez tous les fleuristes. Les arbres en bouquet de fleurs multicolores attirent mille et un colibris. Les iguanes et les lézards déambulent où bon leur semble. Les marais cachent des alligators et l’océan regorge de poissons fantastiques et de tortues peuplant les légendes ancestrales, l’univers sur leur dos. Un autre aspect que j’adore et que je chérie des villages de Oaxaca est l’artisanat local. Tout ce qui est produit dans la région de Oaxaca est magnifique. C’est extrêmement difficile d’y résister. Oaxaca produit le mezcal et le café et a développé un style vestimentaire traditionnel unique. Puis, il y a les techniques de tissage, de tressage, de céramique, d’ébénisterie et j’en passe. Sans parler des spécialités culinaires telles que le pozolé et la tlayuda. Bref, c’est un plaisir sans nom de regarder les échoppes des marchands qui vous vendent à des prix très compétitifs. Mais ça peut devenir dangereux de ne pas réussir à fermer sa valise. Tout le monde tout nu! Mon paradis à moi se trouve sur la belle plage de Zipolite, Roca Blanca, cet immense rocher qui fait face à la baie de Zipolite, royaume des oiseaux qui y gravitent toute la journée. Mais ce n’est pas la seule chose qui soit blanche par ici… les fesses des touristes rivalisent en blancheur avec la Roca Blanca. Vous l’aurez deviné : la plage de Zipolite est nudiste! Ça prend toujours un temps d’adaptation avant d’oser exposer ces parties de nous qui ont rarement vu le soleil. Mais une fois dévêtue, impossible de remettre son maillot. Des seins libres sont des seins heureux. Mais, la meilleure raison pour se dévêtir est pour la baignade. Il faut savoir que les vagues de Zipolite ne sont pas celles de l’Atlantique. Elles n’ont rien à voir avec un bain de mer relaxant. Elles se rapprochent plus de la lutte à main nue. Tenter de garder son maillot en place en pleine bataille contre des vagues à marée montante est un exploit qu’on peut éviter en enlevant tout simplement son maillot. Pour les inquiets, je n’ai JAMAIS été embêté par qui que ce soit, que je me promène seule ou à deux. Maintenant, pour ceux qui ne se sentent pas inspirés à l’idée d’aller se balader nu comme un ver, il n’y a aucun problème. Zipolite, c’est le royaume de tout le monde, les habillés comme les tout nus. Il faut juste se préparer mentalement à voir beaucoup de fesses blanches, beaucoup de seins petits, gros ou refaits et beaucoup de membres pendants de toutes les grandeurs, se balançant gaiement. Il y a même un festival nudiste en février pour les intéressés, bien qu’il fasse polémique. Le festival des tout nus, ça ne plaît pas beaucoup aux locaux, puisque ces idées loufoques ne sont pas tellement alignées avec les traditions mexicaines. Elles ont plutôt été importées par une bande de hippies occidentaux. Hippie Happy Puisque des hippies, il y en a beaucoup ici. Il semblerait que les hippies soient débarqués à Zipolite il y a une vingtaine d’années en changeant le paysage sauvage en grande commune. À travers les années, les hippies sont restés, puis d’autres sont arrivés et avec eux, le tourisme a débuté. Il est maintenant de plus en plus présent, se développant avec des hôtels toujours de plus en plus grands et de moins en moins hippies… Mais malgré cela, la nature de Zipolite reste magnifique. Soyons gais! Le tourisme le plus florissant est sans aucun doute, le tourisme homosexuel. Zipolite en est un paradis. Tous les couples sont permis à Zipolite, des vieux avec des jeunes, des Apollons avec des maigrichons, des gros avec des petits, des beaux avec des moins beaux, des hommes avec des hommes, des femmes avec des femmes, des nonbinaires, des polygames, bref toute la gamme de LGBTQ+. À Zipolite, on peut être qui on veut et afficher les couleurs de l’arc-en-ciel librement. Puis, pour les plus coquins, il y a la plage de l’amour, où tout est permis! Saisir la vague Une autre population très importante de Zipolite est celle des surfeurs. Au coucher du soleil, on les voit aux extrémités de la plage ressemblant à de drôles d’oiseaux en équilibre sur leur planche dans l’attente de la parfaite vague. Ces excellents nageurs sont les seuls capables de s’aventurer loin dans la mer. Ils n’hésiteront pas à aller secourir un nageur téméraire emporter par une vague. Les nageurs qui se font prendre dans les dangereux courants de Zipolite sont presque aussi communs que les surfeurs. Il faut être extrêmement prudent dans les eaux de Zipolite. Un fait intéressant est que les enfants de Zipolite, sont presque tous des surfeurs aguerris. C’est l’activité sportive la plus populaire par ici. Pour ma part, l’idée de surfer me fait rêver tout en me terrorisant. J’adore l’idée, mais dès que je me mets à y penser, je regarde les vagues et je me dis : peut-être demain… Une vie de chien Une partie intégrante de la communauté à ne pas négliger, est celle à quatre pattes : les chiens. Ils sont partout et de toutes origines. Mais on peut supposer qu’un dalmatien effronté et un chien saucisse romantique ont charmé plus d’une femelle, vu la quantité remarquable de traits communs qu’ils ont laissés après leur passage... Les chiens sur la plage ont la belle vie. Une amie m’a déclaré qu’elle aimerait se réincarner en chien de plage passant sa journée à se prélasser sur le sable, à jouer avec les copains chiens ou à quémander de la nourriture dans les restos. Les chiens qui n’ont pas trop l’air de sac à puces peuvent même espérer recevoir quelques caresses. Malgré cela, des conflits de chiens surviennent assez fréquemment. Spécialement entre les chiens à colliers et ceux qui n’en n’ont pas. Mais, les chiens errants doivent bien se tenir, puisque la rumeur dit que les plus rebelles finissent à la réserve des crocodiles… Aucun chien n’en est encore revenu pour en témoigner… Bref, les chiens de plage sont en général très sympa. Ceux dont il faut se méfier sont ceux qui veillent la nuit dans les rues. Il faut être prudent et savoir les éviter ou les effrayer. Gringos, Mexicanos, Locaux, Locos
Et qui sont ces gens qui viennent profiter de Zipolite? Un peu tout le monde et c’est ce qui rend l’endroit encore plus intéressant. On retrouve ici une atmosphère agréable où tous se mélangent. Les touristes viennent de partout dans le monde, mais l’endroit attire aussi beaucoup de touristes Mexicains; ce qui crée un environnement plus authentique et abordable que Cancun. Puis, il y a la communauté de Zipolite, active et vivante qui se compose d’expatriés qui vivent ici depuis 1 an ou 20 ans, de Mexicains de partout et des quelques-uns qui y sont nés. Les plus vieux résidents sont arrivés, il y a 30 ou 40 ans. Avant cela, très peu de gens vivaient dans cette région éloignée, seuls quelques groupes Zapotèques y auraient établi leur racine. Zipolite était, il y a 50 ans, une immense plage déserte et paradisiaque. On peut se l’imaginer comme dans nos plus beaux rêves! Ce texte est le premier du blog et raconte les étapes franchies pour retrouver mon amoureux Argentin en temps de pandémie. Première photo de Nico et moi, quelques minutes après nos retrouvailles. J’ai fait la folie, il y a maintenant trois ans de tomber follement amoureuse d’un Argentin rencontré au Mexique lors d’un séjour pour célébrer la fin de mes études en enseignement. À travers les années, j’ai égrené les jours passés avec lui pendant mes vacances. En rencontrant l’amour au compte-goutte, mes sentiments ont continué de croître. Nous collectionnions les moments ensemble, en rêvant du jour où nous n’aurions plus à nous séparer. Ce moment attendu était sur le point d’arriver, lorsqu’on annonça la pandémie. Comme un enfant déçu devant un rêve brisé, j’ai renoncé à retrouver mon Argentin… à la relâche, puis à l’été et encore à Noël et finalement j’ai abandonné l’idée qu’il puisse me rejoindre malgré les assouplissements du gouvernement pour les couples. C’était joli sur papier, mais vraiment moins évident à réaliser quand ton amoureux vient d’Amérique latine… Accumulant les espoirs déçus de retrouver mon amoureux, je pris une décision : je décidai de ne pas retourner travailler l’année suivante pour rejoindre Nico au Mexique. Je l’annonçai à ma directrice qui comprit ma situation et me suggéra de demander un congé sans solde; ce que j’obtins sans problème. ******* La fin de l’année scolaire arriva avec une grande liste d’étapes à franchir avant le départ. La plus grande étant mon déménagement de ma belle cabane du Yukon au milieu des bois. J’achetai mon billet pour le Mexique qui sera annulé deux fois avant que je puisse m’y rendre, puis un billet pour le Québec pour aller voir mon monde en premier. Sans compter les mille et une choses à régler lorsqu’on quitte son univers pour un an. Après quelques années à s’ancrer dans un lieu, déménager et changer d’univers est un rituel de croissance personnelle difficile à accomplir, mais tellement riche et puissant. ******* Vivre dans l’attente d’un moment qui changera votre vie, transforme complètement la relation au moment présent. Notre équilibre quotidien fou le camp. On a, à nouveau 8 ans, le premier décembre et il reste encore une éternité avant Noël. On est figé entre deux vies et on ne peut rien faire, sauf rêver du futur. Mais ça ne peut pas suffire, parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait. J’ai jonglé avec mes pensées pour, ce qui m’a semblé, une éternité, marchant en équilibre sur le fils du temps qui passe plus ou moins vite… jusqu’au jour où j’ai posé la tête sur le dossier de mon siège d’avion; direction Montréal, Québec. Dans la Belle province, j’en ai profité pour découvrir des endroits magnifiques : le Bas-Saint-Laurent, la Côte-Nord en passant par Charlevoix et la capitale. Mais surtout, voir ma famille et mes amies a été un baume immense sur mon cœur et sur cette année éprouvante. Je me suis chargée d’amour et de moment précieux avant le grand saut. Puis, le jour où je retrouverais enfin mon amoureux est arrivé. J’étais tellement remplie d’émotions que j’ai cru exploser. Et encore aujourd’hui, je ne sais pas si j’ai complètement réalisé ce qui m’arrive et tout le chemin parcouru pour suivre l’amour. ****** Chaque jour, je m’adapte un peu plus à ma nouvelle réalité qui m’apporte du beaucoup de bonheur et de magie, mais aussi des défis. Ici, tout est à écrire. Je suis devant l’inconnu. Ma seule certitude, c’est que Nico et moi, avons le désir que les choses fonctionnent entre nous, malgré les différences culturelles et personnelles. Nous y avons cru pendant trois ans à distance et maintenant est venu le temps de réaliser ce que nous avons tant désiré tous les deux; vivre ensemble. ******
À travers cette aventure, j’ai aussi envie de découvrir une autre partie de moi. J’ai envie de pousser d’autres passions que j’ai trop longtemps ignorées. J’ai envie d’avoir confiance en moi, d’avoir confiance en mes talents et d’écrire. Nous verrons ce qui se passe quand je décide de suivre mes rêves… |
Auteure
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